L’accompagnement du jumeau né seul
« Je suis complet/complète »

En 2009, soit deux ans après la publication d’Alfred et Bettina Austermann, Le syndrome du jumeau perdu, j’entame une sonde personnelle aussi intense qu’éclairante. J’aborde diverses méthodes afin d’être soutenue dans ce chemin de conscientisation : fasciathérapie, shiatsu, méthode de libération des cuirasses, analyse et réinformation cellulaire, ostéopathie holistique avec décodage biologique, constellations familiales, reiki, kinésiologie et j’en passe. Sentant depuis toujours et sachant depuis l’enfance que nous étions deux dans le ventre de ma mère, je mesure pleinement l’impact de cette perte gémellaire intra-utérine : son étendue, sa profondeur. Parallèlement, je poursuis l’introspection par le biais de l’écriture. Durant plus d’une dizaine d’années, j’obtiens des versions « miroir » de mon évolution, que je soumets à lecture. La découverte du champ d’argile m’offre non seulement un nouveau regard, mais une possibilité d’action.

Le jour de mes trente-cinq ans, je franchis un cap. J’accueille un nourrisson de quelques semaines. Sa maman était déjà venue me voir tandis qu’elle était enceinte et nous avions travaillé la thématique puisque le coeur de la petite ne rencontrait déjà plus l’écho de celui de son frère. Par la suite, pratiquant la communication connectée grâce à l’antenne de Lecher, elle me transmet que son bébé exprime avec insistance le besoin de me voir. Je respire un grand coup et je sens qu’à l’intérieur de moi, tout dit oui : je suis prête. Le rituel que je prévois pour cette jumelle née seule nous fait ressentir une confiance absolue et partagée, si bien que l’obstacle énergétique se manifeste sous forme de « nœud ». En mettant la main sur son coeur, j’observe la montée, mes yeux qui se gorgent de larmes et l’instant où je dois quitter l’atelier pour aller, à quatre pattes, rendre à la terre cette douleur du deuil in utero : ce poids de la culpabilité de vivre, cette densité de la terreur de se développer dans une solitude et une insécurité inassimilables. Lorsque je reviens à moi, je perçois que ma posture psycho-émotionnelle a changé, qu’il est temps pour moi d’accompagner les personnes qui désirent panser cette plaie, si difficile à circonscrire.

En 2022, j’apprends que la seconde édition revue et augmentée du livre Le syndrome du jumeau perdu parle du champ d’argile comme d’une « thérapie de régression » qui permet d’aider le jumeau né seul à oser avancer avec élan dans la vie et à prendre sa place. Je remercie encore la personne qui m’en a fait part. Le passage dédié au média est venu confirmer l’intuition que j’avais eue dans le cadre de mon histoire personnelle et qui pouvait s’étendre à d’autres.
Riche de ma formation en constellations familiales et systémiques, je propose un suivi spécifique pour les personnes qui sont concernées par le syndrome du jumeau perdu. Ce suivi inclut des séances individuelles au champ d’argile et peut conduire à un rituel de complétude. Chacun.e vivant son deuil de façon unique, je m’adapte en fonction de la personne, de ses besoins et de ses possibilités d’implication. Je suis également attentive à ses avancées dans le travail d’appropriation de son vécu et aux étapes visant le détachement et l’autonomie. La fréquence des séances est donc à déterminer ensemble, ainsi que le moment opportun de se diriger vers le Ritual de Renacimiento.
Je propose également des journées thématiques, composées de temps de parole et de silence, de passages dans le champ d’argile, ainsi que d’exercices psycho-corporels. J’y ouvre aussi des perspectives scripturales et stimule l’inconscient afin de créer de la reliance. La force du groupe peut être un soutien précieux pour les personnes qui combattent la solitude liée au syndrome. Ces journées permettent aussi des mises en lien pour la suite.

Il est possible de vivre avec, de bien vivre même.